Comme un vieux couple

Par Christian
le 18.02.2016

À propos des spectacles, je crois savoir ce que je n'aime pas.
Pourtant, je ne sais pas toujours ce que j'aime.
A la Rose des vents, il y a souvent cette ambivalence, amour voire passion ou détestation.

Pourquoi j'ai passionnément aimé une représentation de danse de cowboys sur des structures gonflables ?
Je ne le sais pas car le spectacle était à la fois bref et long. Même très bref puisqu'il ne dure qu'une demi-heure. Mais long car le temps s'est incroyablement dilaté ce soir-là. Et puis, il fallait attendre que les coussins gonflables se remplissent d'air, avec ce bruit effroyable de souffleries. Il a aussi fallu attendre que les coussins se dégonflent pendant la représentation, puis que d'autres coussins, cachés au-dessous mais plus gros encore, se regonflent. Ce n'était plus un spectacle, c'était une démonstration technique.
Mais que d'images. C'était le film de cowboy de mes jeunes années à la télé, de l'ironie, l'Amérique qui me faisait rêver mais plus tant maintenant, la Rose des vents, trois danseurs sexy, de l’absurde, une certaine forme d'improvisation, des coussins qui remplacent d'hypothétiques vaches texanes.

Après maintes recherches, je viens de mettre la main sur la vidéo de The Host d'Andros Zins-Browne. On est forcément un peu déçu, non par l'enthousiasme et la performance des danseurs mais parce qu'on perd cette sensation d'être dans les Rocheuses avec cette fabuleuse scène finale où les interprètes dominent le public, comme perchés sur une falaise.

Alors ça me renvoie au MacBeth de Jean-François Sivadier avec cette même sensation de domination physique des interprètes, perchés qu'ils étaient sur leur structure mouvante, mais non plus gonflable, contraignant le public à une contorsion cervicale.

J'en arrive aux spectacles que je n'ai pas aimés. Qui m'ont énervé au plus haut point.
Ceux, lors desquels, je suis carrément sorti de la salle.
Alors on peut gloser sur le respect pour l'artiste qui a durement travaillé pour son public, le respect pour le public que l'on gêne quand on se lève.

Mais pourquoi me contraindre moi-même, à cette fatigue mentale en regardant, deux heures durant, des danseuses tournant autour d'une barre, juste pour me donner l'idée de fatigue corporelle et de résistance ? J'ai d'ailleurs souri largement en apprenant, par des amis, que le Boléro avait démarré peu après mon départ de la salle, au bout de quatre-vingt dix minutes.
Ca c'était Révolution d'Olivier Dubois, qui m'avait par ailleurs ravi, que dis-je enthousiasmé, dans l'Après-midi d'un faune.

Alors, je regrette un peu de m'être privé de cette fin.
J'en suis fier aussi. A défaut de plaisir, voilà une œuvre qui aura provoqué une saine exaspération.
Je suis peut-être passé à côté.
J'étais très loin aussi d'Isabella's room de Jan Lauwers, mais pour d'autres raisons...

Si je veux encore passer d'inoubliables moments à la Rose des vents, je dois rester curieux, exigeant, intransigeant et décalé.
Passion ou détestation.



    
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