J'étais placé au 3ème ou 4ème rang et mon crâne commençait à réellement exploser. Je me sentais tel le Vésuve entouré de pompéien. Mais le Vésuve l'a-t-il ressenti lui ?
Le plateau se découvrit et à ce moment je n'ai plus pu contenir ma souffrance et entrai en éruption en m'érigeant d'un bond à la vue d'un décor digne de l'Arte Povera. En effet, il s'agissait ce soir-là d'une pièce dramatique contemporaine jouée en italien surtitré et la scène était au levé de rideau investie de deux troncs semi-couchés figurant une croix.
Partant de quasiment le centre du rang où je me trouvais, à la vue de la salle entière et des comédiens que je respecte par ailleurs, j'ai écrasé au moins une dizaine de paires de pieds sur mon passage - néanmoins rapide - avant d'accéder à l'une des sorties latérales me permettant de me retrouver enfin dans le grand hall de la Rose des Vents où, avant de m'enfuir définitivement d'un soirée pour laquelle je n'étais apparemment pas en état de participer, j'ai croisé le regard réprobateur (c'est évidemment un euphémisme, car à ce moment-là je me suis senti vraiment lâche, mais très fatigué) du jeune homme habituel à la barbe finement taillée dont j'ai oublié le prénom et qu'il m'en excuse (et aussi pour mon départ d 'ailleurs, car jamais ensuite je n'ai osé en invoquer les raisons avec lui pas plus qu'avec quiconque). Et c'est là que j'ai ressenti une honte inexplicable à l'instant vécu. Puis j'ai franchi les portes et j'ai enfin pu respirer normalement.